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La foule silencieuse, l’ONF et les arbres : il faut sauver les arbres et les écosystèmes !!!!!!




Jusqu’à ce 3 novembre, l’Assemblée Nationale et ses députés étaient sensés évoquer l’avenir et quel budget attribué à l’Office National des Forêts pour 2023. Finalement, après une énième utilisation du 49,3, la balle est du côté des sénateurs. Alors Est ce bientôt la fin de 20 ans de déclin, de suicides en cascades, de mauvaise gestion sylvicole voulue par l’Etat et la direction de l’ONF au grand dam des forestiers, qui la conteste fortement (voir vidéos) ? Va t-on sauver les forêts publiques françaises qui sont en très mauvais état, dont notamment les forêts d’Ile-de-France ? Le groupe Canopée et le SNUPFEN (syndicat majoritaire de l’ONF) ont décidé de lancer voilà quelques semaines une pétition pour faire échec à la privatisation annonçée de l’ONF, qui serait une cata, la porte ouverte au profits et lobbies privés. Et pour mieux marquer les esprits, une manifestation est organisée sur l’Esplanade des Invalides, à deux pas de l’Assemblée Nationale, pour lire les noms des plus de 170 000 signataires de la pétition, écoutez des forestiers et des personnalités. Et ce, jusqu’à jeudi. Pour ceux que cela intéresse, Yann Arthus Bertrand, déjà présent cet après-midi sera encore là demain ce mardi avec l’acteur Jérémie Rénier. Mercredi midi, ce fût Bruno Solo (Caméra Café), etc… Canopée et le syndicat SNUPFEN réclament, vu l’urgence climatique, un budget supplémentaire de 231 millions d’euros (le budget actuel de l’ONF est de 400 millions). Vu tout ce que l’Etat a donné aux banques en 2008 et aux grosses entreprises genre Airbus pendant le Covid. Ce n’est pas la ruine. Surtout pour la survie essentielle de nos forêts et donc de nous, de vous!!! Eh oui.


Thomas Brail président du Groupe National de Surveillance des Arbres (GNSA) me l’a martelé. « Si les forêts disparaissent, on est foutu. Et on en prend le chemin. » Et s’adressant à Sandrine Rousseau, tête de pont de l’Ecologie Politique, il l’a regardé en face : « Il faut agir aujourd’hui. Pas demain!! » Alors non seulement il faut gonfler le budget de l’ONF, mais il faut aussi réembaucher. Raphaël Kieffert, conseiller technique SOS Forêt pour la SNUPFEN et qui travaille dans les Ardennes est affirmatif. « Nous ne sommes pas assez nombreux pour faire du bon travail sur nos parcelles. Favoriser la biodiversité, éviter les coupes rases, couper moins et mieux, etc. »

J’ai moi-même beaucoup critiqué la gestion sylvicole de l’ONF à Fontainebleau depuis les années 80. Et d’ailleurs je n’ai jamais reçu un seul droit de réponse. L’enracinement, le trop plein des coupes, la destruction des écosystèmes… Oui j’ai eu malheureusement raison avec d’autres défenseurs de la nature.

Mais ceux que j’interpellais étaient à chaque fois les directeurs de l’ONF, pas les forestiers, nuance. Car le public doit savoir qu’il existe deux langages. Celui de la direction ONF et de l’Etat et celui des forestiers de terrain. Et ceux du terrain ne veulent plus travailler, juste pour produire du bois. « C’est une impasse » souligne un autre technicien. D’ailleurs le plan de relance de l’Etat pour les forêts est déconnecté de la réalité du terrain. Il faut attendre avant d’agir, étudier plusieurs solutions, ne pas se montrer trop interventionniste sur les écosystèmes. L’introduction de nouvelles essences doit s’effectuer avec la plus grand prudence, sur des espaces restreints et surtout avec un suivi scientifique ce qui n’est absolument pas le cas à l’ONF actuellement. »


Alors les forestiers parlent juste. « Il faut d’abord favoriser le plus possible la régénération naturelle, avec des essences que l’on connaît. » Et les forestiers de terrain s’expriment aussi sur les coupes rases. Ils n’en veulent plus. «On a des ravageurs maintenant sur pratiquement toutes nos types d’essences : scolytes de l’épicéa, l’encre du châtaigniers, les chenilles processionnaires du pin, du chêne, la chalarose du frêne….Il faut sortir de cette spirale, en proposant de nouvelles techniques. » Nota BENE : on se rappelle que près de Samois sur Seine, voilà deux ans, une coupe rase similaire d’épicéas a été faite. Et que cela a provoqué de nombreuses protestations parmi la population.

« Dans les Ardennes, on est très concerné par les scolytes. On a été amené à pratiquer la coupe rase sur 200 hectares. C’est terrible. Avec le groupe Canopée, on a organisé un colloque sur cette problématique en 2021, avec les forestiers, des élus, des scientifiques, etc. La question était : quelles alternatives à la coupe rase scolytée ? Nous avons produit un document de solutions de 80 pages qui va bientôt être livré au grand public. On pourrait proposer ces solutions pour les autres ravageurs » confie Raphaël.


Mais la grosse question qui me brûle les lèvres parce que je martèle cela depuis quarante ans, il faut arrêter de trop couper, garder le sous étage des forêts, de déséquilibrer les écosystèmes… Et bien oui les forestiers de terrain aimeraient bien désormais appliquer ces mesures. Mais la direction de l’ONF et l’Etat leur intime le contraire. « Le réflexe actuellement c’est la récolte systématique. On ne doit plus gérer une forêt mais un écosystème forestier! » déclare l’un d’eux à Paris. J’ai envie de dire : trop tard ou presque, vu les déséquilibres constatés à Fontainebleau par exemple, ou ailleurs dans les autres forêts d’Ile-de-France : Montmorency, Versailles….D’où mon intervention, l’année dernière avant la coupe d’une petite hêtraie près d’Ury. Trop de coupes à Bourron ou ailleurs. Et là, les forestiers mettent en cause la filière bois. « Elle doit se réorganiser vers une économie locale! » Bizarre j’ai déjà entendu cette phrase ??!!!! Et puis on a aussi abordé le thème de la filière « Bois Énergie ». C’est la grande mode. Tout le monde ou presque veut son poële à bois, les communes ou les collectivités, les industriels veulent leur centrale à bois. Oui mais attention à l’impasse.


La filière Bois Énergie et son impasse.




« Le Bois Énergie a ses limites. On peut valoriser ce qu’on appelle les sous produits de la forêt. Mais il y a un tel engouement et publicité fait autour du Bois Énergie que cette logique va devenir dangeureuse pour nos forêts » soulignent les forestiers du SNUPFEN. Hugo Clément l’avait révélé publiquement dans un de ses premiers reportages « Sur le Front », mais nous les naturalistes le savions déjà. Ceux qui fabriquent plaquettes et granulés de bois finissent par broyer des arbres de qualité sciage. « Ce n’est pas l’avenir que nous voulons pour nos forêts » confie le SNUPFEN.

Étonnamment, des personnalités comme Yann Arthus Bertrand qui se déclarent fous des arbres, n’ont pas vraiment la conscience de ces dangers.

En revanche, ce dernier vient d’initier depuis 2021, un projet qui rentre dans un mouvement plus ancien et qui a son importance : le Rewilding, c’est à dire le réensauvagement de la nature.

« Je viens d'acquérir, via une association et un collectif d'habitants, une trentaine d'hectares dans la vallée de Millière (Yvelines).Riche de prairies, de mares et de ruisseaux, cet espace naturel, longtemps exploité par l'agriculture, va redevenir libre. C’est-à-dire que l'on développera la biodiversité, avec un concept de jardin-forêt. L'objectif à terme est de maintenir le milieu ouvert en restaurant la zone humide associée à une naturalité de processus écologiques et évolutifs. Ce projet, en collaboration avec l'université de Saclay et le parc de la vallée de Chevreuse, correspond en même temps à la réalisation en cours d'un film documentaire sur la biodiversité pour France Télévisions, qui sera diffusé à la fin de l’année ou début 2023. » Et première polémique, Yann Arthus Bertrand y a interdit toute chasse. Et cela provoque déjà des tensions. « J’ai déjà été convoqué en préfecture à ce sujet. Mais je ne céderais pas! » Un jour ou l’autre, le sujet de la chasse dans les forêts publiques sera sur la sellette.



Sans arbres on est foutu !!!!


Bref les forêts sont indispensables. Problème, l’économie libérale, elle, elle s’en fout de la préservation des forêts. C’est ce que souligne Thomas Brail, président du Groupe National de Surveillance des Arbres. Celui qui est resté perché plusieurs jours au Champs de Mars pour empêcher la coupe d’arbres, destinée à y installer des boutiques !! Dingo.

« Il faut empêcher la privatisation de l’ONF. Sinon ce sera la dérive du privé. Il faut que l’Etat arrête aussi de faire rentrer les forestiers dans une logique commerciale. Comme il y a de moins en moins d’argent en subventions à l’ONF, l’ONF doit faire rentrer de plus en plus d’argent et donc vendre encore plus de bois. Les agents de l’ONF doivent pouvoir faire plus de biodiversité, plus de pédagogie vers les enfants. Bref l’Etat doit prendre en charge les déficits de l’ONF.

Et le problème de la filière bois reste entier. La France ne peut pas fournir la terre entière en bois. La Chine a gelé ses exportations car elle déjà détruit une partie de ses forêts, le Canada et les USA c’est pareil. Cela ne peut pas continuer. Et du coup on transforme nos forêts de feuillus en plantation monoculture de résineux. C’est intenable. Dans le Tarn, d’où je suis et ailleurs on replante des résineux avec ce fameux plan de relance à 200 millions d’euros, c’est scandaleux. Avec l’été caniculaire que l’on a eu, on doit maintenant prendre soins de nos forêts avec une attention très particulière dans leur mode de gestion. A partir de 40 degrés, l’arbre ne peut plus jouer son rôle de régulateur du climat. Et il ne pousse plus. Et ça crame les feuilles. Là, on le voit, les feuilles sont encore sur les arbres avec le réchauffement climatique. C’est à dire que leur temps de repos sera plus court. » Et d’annoncer très fort : « si les arbres nous lâchent, on est foutu !! » Et de dénoncer également le dossier des arbres en ville. « Nos élus doivent arrêter de couper des arbres en ville. Car même s’il y a des opérations de replantation après, cela risque de ne pas marcher !!! » Hélène Zylber qui a fait partie des participants de la Convention Citoyenne pour le climat en 2021, a été déçue de l’attitude du gouvernement concernant les forêts. « J’ai fait partie du groupe Se Loger et j’ai été sensibilisé notamment aux espaces forestiers. Je suis contre les coupes rases. Et la monoculture. On a vu le résultat dans les Landes par exemple, avec les incendies e cet été. Il faut varier les espèces. Sur la protection des espaces forestiers, nous sommes en retard en France. Par rapport à l’Allemagne, plus protecteur. Je propose une protection maximum des espaces forestiers. Il faut plus contrôler les plans de gestion et donner plus de moyens à l’ONF. » Si vous voulez aider les forestiers à faire survivre les forêts publiques, vous pouvez interpeller votre député (voir Frédéric Valletoux et les autres tout autour). Ils ont généralement un profil Facebook. Vous pouvez aussi interpeller vos élus pour la préservation des espaces verts. A Bois Le Roi, le collectif du P’tit Bois essaye de le faire avec courage! Vous pouvez participer à nos chantier nature, dans le cadre de notre action : « Sauvez la forêt de Fontainebleau »….

Hier après-midi, après mes discussions avec les techniciens de l’ONF aux Invalides, j’ai décidé de rentrer à pied, par les quais de Seine. Une foule, un monde de dingue. Impossible même de marcher sur les trottoirs. Je suis obligé de mettre un pied, ou deux sur la piste cyclable, très fréquentée, notamment par les cyclistes, les trottinettes électriques et les fameux Tchouk Tchouk version Paris qui envahissent tout. Les conversations s’égrènent. J’écoute. Personne ne parle des arbres. La plupart ont les yeux rivés sur leur téléphone, tel un cordon ombilical que l’on ne peut plus couper. L’Aliénation mentale est bien là. Non monsieur Yann Arthus Bertrand, la conscience du public pour la protection de la nature n’est pas vraiment là. On consomme, on rêvasse, sûrement pour oublier sa peur. D’ailleurs il n’y avait pas foule sur l’esplanade des Invalides. Alors que les discussions là bas sont passionnantes. N’hésitez pas à y aller, à vous investir dans la protection des arbres. Car c’est maintenant une course contre le temps et la dégradation du climat. Ne vous dites pas : on va en profiter et après moi le déluge. La catastrophe peut arriver en 2023, dans cinq ans. Mais c’est proche. Et ce n’est pas faire du catastrophisme d’en parler et d’agir de façon lucide !!! Agissez ! Ne subissez plus ! MERCI MERCI.


Pascal Villebeuf, reporter, naturaliste, membre du collectif de défense des forêts d’Ile-de-France, organisateur de chantiers nature.



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